Dans le cadre de Regard sur la Roumanie
Andreea Zahiu est née en Roumanie en 1978 et y a vécu une vingtaine d’années avant de ressentir la nécessité de se frotter à d’autres mondes, d’autres cultures. Après quelques mois passés en France, elle décide d’aller en Angleterre et choisit Oxford. Le choix de cette ville n’est aucunement un hasard. Elle y retrouve l’émulation intellectuelle de ses années d’études en sciences politiques et anthropologie et découvre un cosmopolitisme qui lui fait prendre conscience que la notion d’exil peut aussi être celle de l’universalité de l’humanité.
Mais l’exil a également appréhendé le vide et de là, la nécessité de réinventer son propre territoire, mental, sensible. Peut-être est-ce le souvenir prégnant de son père, ingénieur mais également inventeur, artiste multiple et insatiable qui l’amène naturellement vers la création, trouvant en celle-ci l’écho propice et infini au foisonnement d’images qui dessineront et formeront le socle de son nouvel univers.
Partir du bois et suivre la forme qui évolue d’elle-même, de façon quasi autonome, Andreea Zahiu se laisse ainsi happer par le processus en train de se faire et donne libre court au dialogue qui s’installe, dans ce hors champ, entre elle et la matière.
Les outils traditionnels, gouges et ciseaux à bois, sont à l’aune du processus lent et sensuel qui permet de fouiller l’âme qui semble animer ces blocs de bois, d’ardoise ou de pierre et permettent à l’intelligence intuitive d’Andreea Zahiu de construire l’oeuvre en la laissant exister par elle-même, dans un mouvement intime et secret qui trouverait sa source dans le lien profond sinon mystique à la Terre elle-même. Il y a souvent dans la sculpture comme une forme d’énigme qui nous taraude, or comme dans toute énigme, le sens caché n’est souvent qu’une évidence. Il suffit d’être en face, de toucher les oeuvres d’Andreea Zahiu pour se dire que le chêne ou l’orme ainsi sculptés nous sont aussi essentiels que la maison où nous aurions voulu nous lover. Tous autant que nous sommes.
Les désinstallations ont lieu durant les heures d'ouverture du moulin.