Lorsque vous consultez un outil de cartographie sur un portable, vous voyez le paysage en mode carte routière, ou bien en mode satellite. Parfois, vous pouvez l’observer en 3D, alors les reliefs naturels ou les façades des constructions se dévoilent sous vos yeux. À cet instant, je me suis posé la question : toute la Terre est-elle ainsi traduite en 3D ? En faisant défiler le paysage sur l’écran de mon portable, je suis tombé sur les limites de cette représentation 3D ; elle dresse une frontière — les Romains auraient dit un limes — entre ce qui semble civilisé (l’urbain) et ce qui ne l’est pas (le rural). Par exemple en Bretagne, seuls le Mont Saint-Michel, Rennes et Nantes figurent ainsi modélisés en 3D.
Sur cette limite, mon oeil de photographe a découvert des paysages dantesques hésitant entre la 2D et la 3D, des véhicules disloqués, des arbres sans tronc, des immeubles à moitié effondrés. Toutes les limites posent des questions, c’est ce qui intéresse les artistes et qui alimente chacune de mes séries photographiques. Cette limite-ci interroge la cartographie moderne et ses choix de représentation, ainsi que la valeur que nous attribuons aux paysages dont nous sommes responsables.
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Les désinstallations ont lieu durant les heures d'ouverture du moulin.